L'ADIEU

Publié le par lisette


EXTRAIT DU "PETIT PRINCE" de ST EXUPERY


- Cette nuit,.... tu sais,....ne viens pas.
- Je ne te quitterai pas.
- j'aurais l'air d'avoir mal.... j'aurais un peu l'air de mourir. C'est comme ça. Ne viens pas voir ça, ce n'est pas la peine.
- Je ne te quitterai pas.
Quelque chose le rassura :
-C'est vrai qu'ils n'ont plus de venin pour la seconde morsure....

Cette nuit-là; je ne le vis pas se mettre en route.
Il s'était évadé sans bruit. Quand je réussis à le rejoindre, il marchait décidé, d'un pas rapide. Il me dit seulement :
- Ah! tu es là....
Et il me prit la main. Mais il se tourmentait encore :
-Tu as eu tort. Tu auras de la peine. J'aurais l'air d'être mort et ce ne sera pas vrai...
Moi je me taisais.
- Tu comprends, c'est trop loin. Je ne peux pas emporter ce corps-là. C'est trop lourd.
Moi je me taisais.
- Mais ce sera comme une vieille écorce abandonnée. Ce n'st pas triste les vieilles écorces....
Moi je me taisais.
............
Il se tut aussi parce qu'il pleurait....
- C'est là, laisse-moi faire le dernier pas tout seul.
Il s'assit parce qu'il avait peur.
Il dit encore :
- Tu sais ma fleur.... j'en suis responsable ! Elle est tellement faible ! Et elle est tellement naïve ! Elle a quatre épines de rien du tout pour la protéger contre le monde....
Moi je m'assis parce que je ne pouvais plus me tenir debout. Il dit :
- Voilà, c'est tout.....
Il hésita encioe un peu, puis il se releva. Il fit un pas. Mais je ne pouvais pas bouger

Il n'y eut rien qu'un éclair jaune près de sa cheville. Il ne demeura rien qu'un instant immobile. Il ne cria pas. Il tomba doucement comme tombe un arbre.
Il ne fit même pas de bruit, à cause du sable.





Il y aura bientôt vingt ans, Lise m'a quittée.
J'ai créé ce blog il y a trois ans pour lui rendre un peu de vie, je ne pouvais pas vivre sans elle.
Je vous l'ai fait connaître, avec sa sensibilité , son grand talent et son désespoir qui fut immense.

Je pense avoir accompli ce devoir de mémoire qui m'a semblé indispensable, comme le récit de sa vie "LA DESERRANCE" que j'ai écrit après sa mort, sans le publier.

Je crois être maintenant en paix, avec celle qui fut mon "Petit Prince", égaré sur notre planète . Elle a rejoint la sienne, et de là nous observe et nous sourit.

"Je te rejoindrai un jour, ma Lise tant aimée.
Je sais que nous nous retrouverons"

Juliette






Publié dans MON JOURNAL

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S
Je n'étaisjamais pas passé ici et je suis très émue, par la re-lecture de ce passage qui me donne des frissons chaque fois que j'y reviens, émue aussi par ce qu'il suggère Juliette de tes peines et d'un passé douloureux.Ceux que nous avons aimé nous continuons à les aimer , à les faire vivre par nos mémoires.
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L
<br /> Ils ne nous quittent pas et c'est bien ainsi<br /> <br /> <br />
C
Je viens seulement de me rendre compte que je ne t'avais jamais rien dit ici. Ici où c'est si important. De tout mon coeur, de toute mon âme j'espère que tu as trouvé enfin la paix. Si c'est possible.Je t'embrasse.
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L
<br /> Je crois, oui, que je suis en paix maintenant.<br /> Elle est partie pour son long repos<br /> Je t'embrasse<br /> <br /> <br />
M
avant de partir pour Sarrance, un petit détour par ici... Lise nous a parlé tout ce temps où tu lui a prêté ta voix...Vous avez fait un bout de chemin ensemble par l'écriture. Elle ne nous quitte pas, elle reste dans nos mémoires et dans ses sculptures  tout en tendresseBisous Juliette
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L
<br /> C'est pour cela que j'ai créé ce blog, pour qu'elle se fasse des amis, pour que vous la connaissiez<br /> Je t'embrasse<br /> <br /> <br />
J
Je venais parfois sur ce blog, trouvé par le biais du tien, et étais souvent touchée par "ses" billets. Les tourments de Lise me sont assez familiers...De plus, je suis une inconditionnelle du Petit Prince qui, je pense, peut être interprété et compris d'une infinité de façons. C'est ce qui en fait la beauté, tant de métaphores dans ce qui paraît être un conte innocent...Maintenant je comprends "ta rose" et le texte en haut à gauche. En tant que mère je pense que de la douceur de vivre à la douleur de vivre il n'y a qu'une lettre et un pas, et le plus absurde et douloureux, c'est incontestablement celui-là.Je t'envoie toute ma tendresse, je me fais rare (ptits soucis d'ordi et journées bien remplies) mais je suis là et je te lis et te soutiens toujours de loin...Bises
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L
<br /> Merci Julie de ces mots.<br /> Il n'y a que ceux qui ont souffert en eux cette inadéquation à lz vie qui peuvent la comprendre<br /> J'ai voulu qu'elle soit connue, surtout par son talent<br /> Je t'embrasse<br /> <br /> <br />
E
Très émouvant. Ma fille s'appelle Lise.
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L
<br /> je lui souhaite une belle et bonne vie<br /> <br /> <br />