CONTRE UN ARBRE PENCHÉ
contre un arbre penché
un vieil homme s’appuyait
et je ne saurais définir
qui de l’arbre ou de l’homme
s’écroulerait le premier
à l’ombre de l’arbre
dans la lumière mourante
s’appuyait un vieil homme
dans l’ombre naissante
le vieil homme
maintenant
s’écroulait
penché lentement il glissait
l’écorce s’agrippait à lui
le vieil homme luttait
mais déjà le bruit s’éteignait
dans le silence naissant
la mort pleurait
maintenant
ce n’était plus un doute mais une certitude
la sève s’épanchait et le sang s’écoulait
l’un et l’autre en un filet qui suivait son chemin
sereinement à travers la verdure luxuriante
le petit filet certes ne deviendrait point fleuve
dans la douleur maintenant l’arbre et l’homme
ne faisaient plus qu’un
torturé il s’écroulait lentement tournant sur lui-même
comme si une dernière fois il voulait contempler le monde
l’écorce craquait tant elle était ridée
la douleur déformait la douleur déchirait
craquement ou cri on ne saurait jamais
et la souffrance lentement s’apaisait dans la mort mûrissante
tout était lisse mais bleu d’angoisse